Au cœur de la pandémie, entre mars et avril 2020, la fortune du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, est passée de 116 à 145 milliards de dollars. Pendant ce temps, partout dans le monde, des libraires s’inquiétaient pour leur avenir. La crise que nous traversons est d’une grande injustice, et cette injustice se double d’une grande violence. Des sociétés comme Amazon, qui optimisent fiscalement leurs activités et exploitent durement leurs salariés, du cadre au manutentionnaire, gagnent beaucoup d’argent et se développent sur les cendres de leurs concurrents. Pendant ce temps, des lieux aussi précieux que les librairies françaises à l’étranger, à l’image de la librairie Stendhal de Rome, doivent se battre pour avoir le droit de survivre.
En nous engageant dans ce combat pour aider la librairie Stendhal à passer ce cap difficile, nous défendons pourtant bien plus qu’un commerce. Nous défendons ce qu’il y a de plus important : des emplois qui ont vraiment du sens et qui sont vraiment utiles à la société, un lieu chargé de poésie et d’histoire, une authentique convivialité, des bons livres… Pour préserver tout cela, il faut nous mobiliser. Car sans cela, nous pourrions bien nous réveiller un jour dans un monde que nous ne voulons pas habiter. Celui que nous prépare Jeff Bezos pour continuer à nager, tel l’oncle Picsou, dans sa vilaine piscine d’argent.
Jean-Baptiste Malet
“La libreria Stendhal de Rome est essentielle pour les romains et les français expatriés ou de passage mais aussi singulièrement pour moi : mon roman jeunesse “L’éternité Livie, l’éternité” est né sur son seuil d’une conversation avec Marie Eve Venturino et s’y déroule en partie. Outre cela la suite de ce roman “Parès l’éternité” , en cours interrompu d’écriture pour cause de voyages impossibles y trouve aussi une partie de son décor. Alors, égoïstement, j’aimerais que les bailleurs de fonds quels qu’ils soient maintiennent la libreria en vie. Les subsides font partie de la création”
Michel Quint
Parce qu’avec Marie-Eve et tous les libraires de la libraire Stendhal, on lit à nouveau, c’est-à-dire on retrouve l’envie de toucher les livres, de feuilleter, de sourire aux mots (ou de trembler), de penser, commenter, bavarder, de vivre de papier et d’amitié.
Ce poème inédit.
LIRE
Je lis l’alphabet grec et latin.
Tu lis dans le marc de café (demain tu mangeras des fraises, l’an prochain tu te maries en Australie avec un éleveur de crocodiles).
Il lit le journal local chaque matin au petit déjeuner.
Elle lit le journal local chaque matin au petit déjeuner (c’est un couple très harmonieux, disent leurs amis).
Nous lisons entre les lignes (mais nous ne le répétons pas).
Vous lisez des romans de plage en été (et vous êtes très bronzés).
Ils lisent quand ils ont le temps.
Elles lisent quand ils leur laissent le temps.
J’ai lu dans les avis de décès : « Le petit chat est mort ». C’est triste mais moi, je préfère les chiens.
Tu as lu « Lu » sur un paquet de gâteaux.
Elle a lu un livre de cuisine.
Il a lu un manuel de mécanique (c’est une couple parfait).
Nous avons lu le code civil.
Vous avez lu les programmes de cinéma (il n’y a rien d’intéressant ce soir à la télé).
Ils lisent la météo (pluies éparses, chouette, c’est bon pour les champignons).
Elles lisent la météo (pluies éparses, oh zut, elles sortent de chez le coiffeur).
Je lirai dans les lignes de ta main.
Tu liras sur mes lèvres.
Il lira ses SMS en cachette.
Elle lira ses SMS en cachette (décidément, quel couple épatant).
Nous lirons un polar norvégien (il paraît qu’il est très bien).
Vous lirez Closer chez le coiffeur.
Ils liront des livres à leurs enfants.
Bernard Friot
« LE SYNDROME DE STENDHAL
Il faut savoir conter la chose quand elle est vraie. Je n’avais jamais pris l’avion avant janvier de cette année. Un monde m’était inconnu. L’épuisement du voyage aussi. À Rome, chaque détour de rue est un miracle de l’art, tantôt redoublé par la grâce de la beauté féminine, tantôt diffracté par l’indéfini du ciel méditerranéen. On s’y sent soi-même beau. Fouetté par je ne sais quel désir de mordre la chair, de prolonger sa propre vie par celle des statues de marbre semées çà et là, des pieds calleux de la Victoire aux thermes de Caracalla.
L’émerveillement est finalement ce qui m’a, depuis le début, conduit à écrire, à continuer malgré tout, de travers mais tout de même, permis de rencontrer par le verbe et la fiction ces figures paternelles et fraternelles qui ne cesseront, je le sais maintenant, de jalonner mon parcours vallonné, hérissé d’une végétation semé par mes propres mains.
À l’émerveillement succède la gratitude. Celle d’avoir pu passer quelques instants auprès de François Koltès, qu’il me tarde déjà de revoir. Celle d’avoir reçu les conseils et la bienveillance de Marie-ève, merveilleuse et nécessaire libraire, femme de toutes les vies possibles, d’ici et d’ailleurs, d’avoir éprouvé les dix minutes les plus intimes et sincères de ma « vie littéraire ». Gratitude d’autant plus profonde que ces dix minutes d’échanges ont été enregistrées, et pourront être réécoutées. Par d’autres que moi, qui déteste m’écouter parler, rechignant déjà à me relire. Celle d’avoir pu enfin découvrir que je pouvais crapahuter seul et revenir à la source avec la fierté chevillée au corps, ce qui est bien peu pour certains, beaucoup pour d’autres, inimaginable pour celui que je fus il y a neuf mois, quand il m’était matériellement impossible d’imaginer que je serais un jour assis à l’aéroport de Fiumicino, par trente-huit degrés, sur un banc de quasi-marbre, à regarder voleter par-dessus mes lunettes de soleil le bal des taxis blanchâtres, le cul vissé entre une valise rouge laissée à elle-même et ce qui ressemble à un groupe de touristes russes hoquetants.
Celle, pour enfin tout conter, d’assumer l’hybridation de mes aspirations, et de sourire de cette impulsion – en apparence double et pourtant – qui entraîne mes tympans percés vers la Chaconne en ré mineur de Bach transcrite pour piano par Busoni, et simultanément mon gosier vers le Limoncello trônant sur les rayons du duty free.
L’émerveillement jusqu’à la frontière. Appelons cela, puisque la chose est ainsi appelée : le syndrome de Stendhal.
Si Rome venait à vous visiter, passez par la Librairie Française, giron francophile et bastion de culture, de poésie, tendresse, de chaleur et d’abnégation.
À deux pas de la fontaine de Trevi, non loin des petites boutiques de liqueurs et des réunions tendancieuses de scouts germaniques, piazza Navona.
Baci. »
Hans Limon
Pour une cellule de crise culturelle
La culture, les livres, c’est comme le langage: c’est à la base de tout.
Aujourd’hui nous sommes habitués à entendre parler de toute sorte de mesures d’exception et de cellules de crise : psychologique, politique, économique, sanitaire, etc. Celles-ci disparaissent en général du fait même de l’extinction de l’urgence.
Je propose d’étendre cette liste à ce qui me paraît être une véritable dimension à sauvegarder, de continuer à l’étendre depuis toujours et pour toujours… une dimension tellement importante qu’il est parfois difficile de l’estimer à sa juste valeur… un lieu de nourritures terrestres: les livres, les voix, les images, les lettres.
Je propose aux amis de la librairie Stendhal de nous réunir autour d’une cellule de crise culturelle et perpétuelle et afin de défendre cette place fondamentale dans le tissus de nos vies sociales, franco-italiennes. Nous voulons continuer à acheter des livres, flâner entre les rayons, écouter un auteur, assister à un atelier, amener les enfants dans un monde où les lettres se tiennent par la main. Il est urgent de défendre cet espace. La lecture maintient nos esprits et nos mémoires éveillés.
On aurait tort de sous-évaluer les dégâts provoqués par les limitations culturelles: ils portent à des dangers que l’on est tout à fait en droit de comparer aux effets dévastateurs du virus, de toutes sortes de virus.
Christine Dal Bon
Un jour, elle prit son destin en main. Elle jeta ses vieux atours beigeasses pour se parer d’un élégant gris bleu. Elle fit table rase du passé, des vieux meubles, des lampes, des cloisons. Une vraie révolution. Elle choisit, coquette, des lustres-bijoux pour faire ressortir sa nouvelle personnalité.
Elle dépoussiéra les quelques compagnons de route qui avait échappé au cyclone. Elle en invita d’autres, moins attendus, plus discordants, impertinents… Quand elle se sentit prête, enfin, elle prit un nouveau nom. La Libreria Stendhal.
Depuis ce jour, elle fait sienne la parole du grand homme :
“La vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemblent.”
Bénédicte Bazaille
POUR FAIRE UN LIVRE AVEC DES IMAGES
D’abord, il faut des feuilles de papier avec petits ou grands carreaux…et même pas du tout.
Pour raconter la mer pas besoin de suivre les lignes, les vagues sont tordue aussi.
En majuscule écris un mot tout en couleur, virgule.
Il faut un verbe, qu’il soit beau, point.
Avec d’autres mots, c’est une phrase, à la ligne.
Les fautes d’orthographe, tu peux les cacher avec un trait.
Tourne la page…
Blanche.
Au milieu, invente un paragraphe…
Bleu.
Pas assez de lignes, tant pis, l’histoire est sûrement finie.
Invente une nouvelle idée.
Si tu ne la trouves pas…change d’idée !
Dans ton livre, écris comme il te plait.
Un doigt sur la langue, page suivante.
Au dos un peu de colle et du papier miroir.
Regarde, c’est une image !
Pour l’illustrer, essaye les crayons de couleur et la peinture, même séchée.
Puis continue avec du papier déchiré, du sable et même ton doigt pas très bien lavé.
Rouge, c’est une pomme ou les joues pleines de bonheur.
Noir, ça fait peur.
Petits points verts, ce sont bien des martiens et de jolis lutins.
Jaune, des matins d’or.
Des nuages dans le ciel, rajoute encore de l’eau !
Voilà, l’océan déborde sur la table.
Sur le papier trempé, des taches auréolées de couleurs mélangées, c’est l’arc en ciel ou bien un perroquet.
Dans ton livre, dessine comme il te plait !
Combien faut-il de pages ?
Page de gauche, les mots dansent sur la musique des images.
Écoute l’autre, c’est une histoire.
Point final.
Eric Rolland Bellagamba
On entend souvent les commentateurs officiels diagnostiquer une « perte de sens » et une « absence de repères » dans le monde moderne.
Et bien la librairie Stendhal de Rome fait partie des précieux « repères » culturels et intellectuels qui donnent du « sens » à nos vies. Il faut la soutenir par tous les moyens !
Anne-Cécile Robert
C’est par un fil d’Ariane que parvient à notre connaissance la réalité de tel chef-d’oeuvre littéraire ou de tel essai important. Un petit miracle, fait de carrefours, de petits journaux et du bruissement feutré de multiples conversations, fait encore exister les livres. À Rome, la Librairie Stendhal apparaît comme l’un de ces repères où on apprend l’existence d’imprimés qui changent nos vies. Chérissons-la.
Alain Deneault
“On aime aller à la Librairie Stendhal. Un de ces beaux coins de France à Rome. “
Séverin D.
“Rassemblez les hommes vous les rendrez meilleurs, aptes à réfléchir ensemble et à construire l’intelligence collective dont nous avons besoin. Merci à la librairie Stendhal de nous rassembler si souvent autour des livres.”
“La librairie est l’institution civile du présent, un lieu pour faire une cité, c’est à dire un peuple de citoyens amis, hospitaliers et frères. Que vive la librairie Stendhal.”
Sophie Wahnich
Imaginons Rome sans la librairie française.
Grand vide. Grand silence. Grand. Manque
La librairie Stendhal c’est entre autre une librairie mais c’est surtout d’abord et avant tout un lieu et un espace vivant et vivant de vie.
On y vient pour un livre et on rencontre des livres et des auteurs.
On y vient pour consulter un ouvrage et on découvre d’autres nouveautés.
La librairie Stendhal c’est un lieu joyeux de surprise et de grande culture.
Sans en avoir l’air ses habitants nous accueillent nous conseillent et surtout nous réunissent. Ils crée du lien comme on dit. Et cela ne se vend ni ne s’achète.
Dans quel lieu à Rome peut on parler ou rencontrer la culture sous toutes ses formes et gratuitement simplement ?
À Rome il y a la librairie Stendhal et nous, les romains francophones nous en sommes très fiers. Elle fait partie de nous et de notre patrimoine.
Longue vie à la librairie Stendhal !
Sr Catherine
Le libraire abolit le hasard. Marie-Eve Venturino, tu l’abolis. Ta Librairie Stendhal, à Rome, est un territoire physique étroit et son agencement même, son visage intérieur, le fruit d’un arbitrage complexe et parfois douloureux. La bataille contre l’espace est perdue d’avance, 200 nouveauté par jour Marie-Eve, tu le sais, ton dos le sait, perdue d’avance la bataille et c’est là sa beauté : ta librairie devient matrice, un portrait en creux, singulier, exigeant de toi, de ton rapport au monde, aux autres, à la langue, un cosmos unique. Non le reflet triste d’une société qui refuse les préférences, les hiérarchies, a la frustration en horreur, veut tout. L’exhaustivité d’un catalogue virtuel, territoire sans limite, fait miroiter une liberté et une puissance illusoires. L’algorithme nous ramène sans cesse à nos propres préférences, nous reconduit à nous-même dans un mouvement de repli mortifère. On a peu de chance, lecteur de Toni Morrison, d’arriver jusqu’à Guy Boley, n’est-ce pas ? Mais Marie-Eve, dans ta librairie, c’est possible. J’aime ta parole subjective qui ouvre au dialogue, réussit cette prouesse de confronter deux lecteurs, de telle sorte que le livre devient rencontre. Cet engagement de la parole est un risque extraordinaire et merveilleux d’inconfort, et d’élargissement de soi.
Merci Marie-Eve, merci la Librairie Stendhal, à Rome, de contribuer à nous faire plus grands que nous-mêmes !
Valentine Goby
Je me souviens, je vous soutiens,
Avant d’y entrer ou parce qu’il n’était pas encore 10h.
Je prenais souvent un café en face.
Les tourniquets sortis, cela voulait dire que la librairie était ouverte.
J’y entrais
Et le temps s’arrêtait..
Pendant un temps, cette librairie a été ma maison,
l’équipe ma famille..
J’y étais en résidence de dessins.
Un projet fou que nous avons co-inventé avec Marie-Eve Venturino (très chère amie)
Être à l’intérieur,
que ces mots sont importants aujourd’hui.
j’y étais en observation, à l’écoute, en portraits…
Assise sur le canapé orange, j’attendais, prête..
et les gens arrivaient,
S’asseyaient,
Des portraits chaises sortaient de mes carnets noirs, un dessin en échange de leur temps.
De l’intimité délivrée en échange d’un regard en traits de couleurs, couleurs crayons de couleurs et bic..Je faisais partie des meubles, de l’équipe, des livres.
J’ai l’impression d’y être en écrivant ces mots,
Et puis les rituels se sont installés, les déjeuners au Caffe Gotico, juste à côté en sortant à gauche, puis à droite et à gauche… le samedi midi c’est particulier !
La vie…
Ravie d’avoir accompagné en dessins et en rencontres la vie littéraire de ce lieu : les animations, les débats, les lectures dessinées, les inventaires, les commandes, les conseils, les découvertes…
Aujourd’hui tout cela doit continuer
Forcément
Je suis loin, mais tellement là avec vous si chère équipe et famille d’adoption,
Je me souviens, je vous soutiens
Et toujours des bises fortes
Carole Chaix
Ci manca molto una libreria viva e ben organizzata, che grazie a Marie Eve e ai gentili librai è diventata un posto di incontro intellettuale importante nella vita di Roma. Entrare, scoprire nuovi libri, fare due chiacchiere e informarsi sui prossimi incontri organizzati dalla libreria – alcuni veramente importanti e bellissimi! – costituisce una tappa imprescindibile di una passeggiata in centro.
E ci offre un contatto con la cultura francese che nessun Amazon ci potrà mai dare: i libri hanno un aspetto, un peso, perfino un odore, che parla alla nostra anima e ci suggerisce acquisti e letture.
E’ molto importante che la libreria Stendhal viva!!!!
Lucetta Scaraffia
Que serait Rome sans la libreria Stendhal ?
Ce lieu est une gourmandise et une récompense. Elles se savourent avec délectation dans un temps qui s’étire au point de devenir suspendu.
Bruissement des pages que l’on tourne, regards étonnés et sourires esquissés à la lecture des mots, froissement des vêtements et glissement des pas entre les rayonnages, chuchotements des lecteurs qui s’y sont donnés rendez vous…Mais surtout, il y a les libraires emportés par la folle énergie de Marie Eve qui en quelques années a fait de cette maison endormie un lieu unique, exigeant, précieux et irremplaçable.
Là se succèdent discussions au pied levé, soirées de débat, rencontres avec des auteurs ou des ateliers pour petits et un peu plus grands où tourbillonnent idées, points de vue, réflexions et créations.
Oui, la libreria Stendhal doit continuer à vivre. Elle a tant de choses encore à nous dire et à nous apporter !
Dominique Joly
Comment imaginer Rome sans librairie française ?
Pour ma part, comme auteure aussi bien que lectrice, je n’imagine pas la librairie française sans l’accueil, le dynamisme et la créativité de Marie-Ève Venturino et de son équipe.
Anne-Laure Cartier de Luca
12 slogans pour la LIBRERIA STENDHAL
1 À la Libreria Stendhal, je suis toujours accueilli à livres ouverts.
2 Quand dans dix ans les enfants demanderont « c’est quoi un libraire ? », j’espère qu’on pourra encore les emmener à la Libreria Stendhal.
3 Pour moi, la Libreria Stendhal est un lieu qui conte.
4 L’été approche : tournez une plage à la Libreria Stendhal !
5 Dans la vie, tout n’est pas noir ou… rouge. Osez la Libreria Stendhal !
6 Les humains regorgent d’émotions, les émotions se bousculent dans les livres, et les libraires en parlent à la Libreria Stendhal. Bienvenue dans la conversation !
7 À la Libreria Stendhal, je me suis perdu dans un livre, et retrouvé dans un autre.
8 À la Libreria Stendhal, il n’y a pas que les chèvres qui bouquinent !
9 Les libraires de la Libreria Stendhal savent me conseiller entre les lignes.
10 À la Libreria Stendhal, il n’est pas rare qu’un auteur se livre.
11 Parce que le livre n’est pas une marchandise comme les autres, la Libreria Stendhal a choisi d’être une boutique différente.
12 Libreria Stendhal, pas d’humains sans livres et pas de livres sans humains !
Franck Prévot
Chère Libreria Stendhal,
J’étais une gamine et tu ne portais pas le même nom. Je venais avec ma mère acheter les manuels scolaires, avec cette petite angoisse qui a accompagné toute ma scolarité, j’arrivais d’ailleurs, je ne me sentais pas à ma place mais nous ne repartions jamais sans un petit roman, une bédé de mes personnages préférés. Adolescente, c’est chez toi que j’ai rencontré Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Roger Martin du Gard, André Gide et tant d’autres qui ont peuplé mes après-midis solitaires. J’étais timide, je ne parlais à personne, je payais avec mon argent de poche et allais m’asseoir au dos du Panteon, jusqu’à ce que le travertin ne me glace les fesses. C’est là que j’ai lu les Mémoires d’Hadrien.
Je changeais d’âge et toi de nom, de gestion, mais tu restais là, enclave francophone dans mon monde qui s’italianisait. Terminée l’école française, j’allais à la fac, la littérature italienne m’ouvrait ses portes, je m’y engouffrais avec l’enthousiasme des néophytes, j’avais tout à découvrir. Pendant des années, j’étais au pied du bûcher de Giordano Bruno, délaissais Caravaggio qui pourtant me hantait avec sa lumière, le pied nu de son pèlerin. Ni l’un ni l’autre ne se plièrent au dogme, c’est ce que m’apprenaient les livres, indépendamment de la langue. Entourée d’églises, ma quête de liberté se faisait dans les pages.
Je commençai à écrire. Avec quel courage ? Qu’importe, j’avais une autre vie à côté. Je n’aurais jamais cru qu’un jour mes mots seraient sur une de tes tables, dans une de tes vitrines. Je devenais femme, écrivaine, psy, mère, je restais lectrice. Aucun lieu, jamais, ne me protègerait autant que les pages d’un roman. J’avais envie de transmettre la puissance de ces talismans à mes enfants. Je demandais des conseils à une jeune libraire. On discutait, elle devint copine. Un jour elle m’annonça qu’elle rêvait de te racheter. C’est là que tu as trouvé ton vrai nom. Quand un lieu devient une personne, il s’anime, prend feu, se remplit d’étincelles.
J’ai quitté mon pays qui n’aime pas sa culture, méprise ses artistes et tous ceux qui tentent de prendre soin de sa beauté immense et fragile. Alors je te dis, chère Libreria Stendhal, qu’on se battra afin que tes vitrines restent illuminées, que tes pièces habitées de cœur et de papier, d’intelligence, de curiosité, de rires, de pleurs, de vin et d’amour, restent un lieu où se retrouver, avoir chaud et se nourrir, là en plein milieu de la ville éternelle ; elle en a vu assez, elle saura te protéger.
#jesoutienslalibreriastendhal
Chiara Mezzalama
Je soutiens la librairie Stendhal de Rome sans laquelle la langue et la culture françaises perdraient un de leurs trésors internationaux. Qui a jamais franchi le seuil de la librairie en garde la “saudade“ comme disent les Portugais, une délicieuse nostalgie mue par l’envie du retour. Franchir à nouveau la porte pour nourrir le feu de notre esprit, donner de l’oxygène à notre curiosité et provoquer des rencontres dont les liens s’épanouissent bien au-delà des murs. Une contribution à faire tomber les barrières qui s’érigent entre les hommes. Si “la lecture agrandit l’âme” selon les mots de Voltaire, il faut néanmoins des librairies comme la librairie Stendhal pour y parvenir.
Nathalie Petit
Pour moi, vous représentez un espace de libre pensée, un espace de dialogue ouvert, un endroit où l’on peut lire, rire, parfois boire et manger mais surtout apprendre de soi et apprendre des autres.
Vous représentez un morceau de culture française mêlée à l’Italie, un espace où l’on se sent bien et un lieu tourné vers demain. Longue vie à vous et merci pour tout ce que vous avez déjà accompli !
Bises à toute l’équipe,
Clémence
La librairie Stendhal
notre souffle vital
un petit coin de paradis
où l’on se confie, on rit
où l’on demeure
parfois des heures
on murmure, on susurre
des lectures
dans des fauteuils
qui nous accueillent
on nous conseille
des merveilles!
jolie librairie,
amie qu’on nous envie
qui nous chouchoute
nous envoûte
reste avec nous
reste debout
Marie Ève
exauce notre rêve!
pardon
pour ces vers de mirliton
mais pleins d’émotion!
Isabelle, lectrice fidèle
La librairie Stendhal est une petite pépite. Voilà quelques livres achetés lors de présentations ou de promenades improvisées. Toujours en suivant les bons conseils de Marie-Ève et du personnel. Les présentations ont toujours été de rares moments d’interaction avec les auteurs. Une vraie richesse tout en partageant un super moment à la fin avec un apéro convivial. Les promenades dans le centre ne seraient plus les mêmes sans la librairie. La chaotique routine romaine ne serait plus si facile à vivre si elle n’était plus ponctuée par les présentations de la librairie. Le lieu est aussi ouvert aux propositions et aux suggestions. Une qualité en plus, un atout ! Forza!
Ornella
J’ai appris à lire et à écrire en italien et en français au même moment. Dans mon immeuble est venue à habiter en 1957 une dame de Boulogne sur mer (la fille du maire qui avait chez soi les officiers allemands). Elle vivait à Cosenza car elle s’était mariée avec un calabrais connu pendant la guerre, un prisonnier fugitif, un ennemi que les gens du pays ont protégé et accueilli. Je prenais des leçons chez elle tous les après-midis, elle me racontait les histoires de la guerre, j’apprenais par cœur les contes de La Fontaine et les poésies de Hugo. Mes livres scolaires de Hachette arrivaient à l’époque directement de la France et plus tard mes filles aussi ont appris le français de la même façon. Ainsi, quand je viens à Rome je ne manque jamais un passage chez…Stendhal.
Claudia Stancati
Quand on habite à Rome, ou ne serait-ce que lorsqu’on y passe, heureusement qu’il y a cette librairie française à côté de l’église Saint Louis des Français… Non pas seulement pour sauver l’honneur d’un chauvinisme dont nous n’avons que faire, mais pour que l’honneur de notre littérature tienne sa place, modestement, mais avec le sérieux de qui doit être à son poste, à côté des monuments locaux, qui ne constituent rien de plus ni de moins que ce qui tient debout de la mémoire des sociétés, de ce pour quoi les sociétés tiennent debout, et qui ne consiste pas seulement à nourrir et protéger les signataires plus ou moins enthousiastes et bons joueurs du contrat social, et encore moins à accumuler du profit et du capital, mais à ajouter des petites gouttes au labeur de la pensée et de la sensibilité de cette espèce fragile et bordélique qu’est l’humain qui, quand elle ne dévaste pas tout ce qui lui permet de se tenir debout, comme si ce n’était que décor et environnement, peut parfois produire quelques poèmes, quelques peintures, quelques pensées qu’on aime retrouver dans ces lieux qui ne sont pas seulement touristiques, ces églises, ces vieilles villes comme Rome ou Alep, ces musées dont nous avons tant de mal à revivifier les galeries si nous ne les peuplons pas de nos désirs et de nos imaginaires, ainsi que les librairies nous le rendent possible, ainsi la librairie Stendhal à Rome… Librairie Stendhal… Stendhal… A quoi servent les noms ? A quoi servent les mots ? Le philosophe Pierre Zaoui, auteur de La Traversée des catastrophes, rappelait dans la Croix du 15 mars 2020, « la solution que conseillait Mérimée à Stendhal qui, en 1832, lui demandait quoi faire devant l’épidémie de choléra en Italie. Mérimée lui répond : « 1. tu te laves les mains. 2. tu t’en fous complètement. » Se laver les mains… Les pouvoirs publics pourront-ils se laver les mains du sort des librairies crucifiées par la gestion économique de la crise sanitaire, et notamment de ces librairies qui dans les villes étrangères font circuler un peu de cet air mental qui résiste au temps et aux épidémies, préservant le virus de la pensée et de l’émotion dans les mots, car c’est cela que le virus atteint, la Chair, dont nous ne pouvons nier à Rome qu’il ne fût Verbe ?
Lancelot Hamelin
2 mai 2020
Je ne sais malheureusement pas dessiner, aussi je viens juste évoquer mon passage inoubliable en qualité d’invitée conteuse/auteure de littérature jeunesse à la librairie Stendhal, et lui apporter mon total soutien. Lui assurer également, que nous formons, avec beaucoup d’auteur(e)s, illustrateur/trices invité(e)s un cercle de chanceux !
Je suis venue en avril 2017 à l’invitation de Marie- Eve Venturino, raconter dans les murs de la librairie et rencontrer un public d’enfants et de parents, habitués des lieux et pour moi ce fut un vrai et bel échange.
Une rencontre bien préparée en amont, la librairie Stendhal avait également associé le lycée français à ma venue, m’offrant non seulement la possibilité de rencontrer un plus large public, et ayant également organisé la circulation de mes ouvrages auparavant. En qualité de conteuse, j’étais déjà venue travailler dans ce grand établissement avec plusieurs classes, une année auparavant et j’avais pu constater la qualité des livres du CDI grâce à cette étroite collaboration. Et le rayon de littérature jeunesse de la librairie Stendhal est remarquable.
L’ oralité qui est première chez moi, s’accompagne régulièrement de publications tant la littérature écrite reste une source essentielle à mon travail. J’ai choisi ce support, à la différence d’autres conteurs, pour m’inscrire ainsi dans la chaîne de transmission. Et les ouvrages de contes constituent pour moi des aide mémoires sans lesquels je n’aurais su où chercher la nourriture de mes récits.
Pour avoir connu l’ancienne librairie française de Rome des années auparavant, puis la première « version » de la librairie lors de sa reprise en main, par Marie-Eve Venturino, j’ai pu bénéficier de sa totale rénovation en terme d’espace réservé aux enfants. Ecouter les mots, entendre des histoires « vives », au milieu des livres est un plaisir auquel toutes les librairies ne s’adonnent pas hélas. Soit par manque d’espace, soit par manque de moyens. Or ces moyens, la librairie a fait le choix de se les donner et c’est aussi un risque financier non négligeable.
Cette librairie-ressource, lieu de vie, d’échanges est d’une inventivité incroyable. Quand j’ai reçu pour la première fois son programme, je n’en suis pas revenue ! Accueillir en ses murs, tant de belles personnalités, qu’elles soient françaises, italiennes ou issues d’autres cultures, quelle chance pour la ville de Rome ! Un programme digne d’un véritable centre culturel, tant les propositions y sont variées et passionnantes. A faire regretter ne pas habiter sur place !
Je tiens à souligner le climat chaleureux qui y règne, l’accueil magnifique de toute l’équipe mobilisée. Et pour avoir l’occasion d’être souvent invitée dans les librairies, j’ai rarement reçu un tel accueil. D’avoir pu discuter en profondeur avec sa directrice sur mon travail et d’avoir pu bénéficier de son expérience, a modifié, par ses remarques judicieuses mon regard sur des publications en cours; et je l’en remercie.
Je souhaite de toutes mes forces que cette librairie exceptionnelle puisse, malgré ses énormes difficultés liées au moment inédit que nous subissons tous, vive et … prospère en conservant cette qualité reconnue internationalement et qui honore notre métier.
Muriel Bloch,
conteuse-voyageuse.
En temps de confinement, voyageons dans les livres ! Dans l’après-guerre, retrouvons les libraires ! À Rome, la librairie Stendhal est un phare salutaire, merci à tous ceux qui la font !
Benoît Anger-Gréan
Je ne révèle rien, je vis…
Quand, de Naples, j’arrivais à Rome…
Quand, à Rome, je vivais…
Quand, de ma Côte d’Azur, je filais sur Rome… Quand, de Venise, j’arrive à Rome…
Quand de Lucca, de ma Toscane, bientôt je viendrai…
…les amis en premier, bien sûr!
Ceux que j’ai eus quand j’y travaillais…
…ou quand j’y ai débuté, poursuivi, vécu et vis encore ma retraite!… Impossible de zapper la Librairie française, point de référence primordial !
…toujours là,
…bienveillante, riche de rencontres, de nouveautés, comme de personnes.
Marie-Ève, l’Amie prodigieuse, la mienne, mais aussi (et surtout?) pour tous, la Libraire! Compétente, intelligente, bienveillante, généreuse comme seuls le sont ceux qui placent l’humain, petit ou grand, en première ligne, celle du cœur…
Elle a su, avec le soutien des siens, garder ou reconstituer une équipe qui partage ses valeurs, et même si je ne les cite pas ici, je les vois, les entends, les admire : ils ont toujours le sourire!
Alors, en ce moment crucial pour leur entreprise de survie et de reconquête, comment ne pas leur dire qu’on veut tout faire pour les soutenir et leur dire qu’on les veut…
… toujours là,
…bienveillants, riches de leur rencontre, de leurs nouveautés, de leurs personnes…
À bientôt !!
Véronique Deschamps (La Napolitaine de Venise) 4 mai 2020
Au centre du monde, il y a forcément Rome et la place Navone. Et au centre du centre du monde, il y a la fontaine des Quatre-Fleuves de Gian Lorenzo Bernini. Bien sûr, on y retrouve le Nil pour l’Afrique, le Gange pour l’Asie, le Rio de la Plata pour l’Amérique et le Danube pour l’Europe. Et au centre de la fontaine du centre du monde, il y a aussi un obélisque sur lequel on peut deviner une colombe immobile et un joli rameau d’olivier. Mais juste à côté de cette colombe, perchée sur l’obélisque bordé des quatre fleuves de la fontaine, sur la place du centre du monde, il y a surtout la librairie Stendhal de Marie-Ève Venturino. Et sur les rayonnages d’autres fleuves encore, d’autres colombes et autant de centres pour notre Monde.
Sylvain Coher, le 5 mai 2020
Ça vous surprend au détour d’une rue, au centre de Rome par exemple. C’est pourtant un centre-ville riche en surprises et en recoins, en ruelles qui débouchent soudain sur un Panthéon ou une Piazza Navona. Mais une librairie française à l’étranger fait un autre effet, et c’est vrai dans n’importe quelle ville : soudain apparaît une vitrine peuplée de titres amis, de mots aimés, de collections familières, et l’on pose sa main sur cette vitre, pour échapper au soleil qui éclabousse la rue, pour scruter cette obscurité. Pour voir ce que devient notre langue. Voir comment elle se porte, ici, en territoire étranger, voir ce que nos mots ont à dire, ici, sous ce soleil. Voir quels volumes ont été choisis, ici, quels passerelles ils dessinent entre eux, quels ponts ils jettent entre la francophonie et l’Italie.
Il existe des îles, entre le commerce globalisé et le nationalisme obtus : la librairie Stendhal en est une.
Pascal Janovjak
Rome, librairie Stendhal, déjà ces mots font rêver, mais en plus, surtout, l’écrivain rencontre Marie-Ève Venturino.
En ces temps qui ferment l’horizon extérieur, les paysages intérieurs s’enrichissent de souvenirs qui arrivent à chasser le poids de la noirceur ambiante. Je revois la libraire et ceux qui l’entourent, les lecteurs attentifs, les couleurs des livres, les questions chaleureuses et passionnantes.
Autour, Rome.
Rassembler des petits bouts de soi, des pensées, chasser les démons intérieurs et se retrouver à Rome.
Aurélie Chêne Rambaud a eu la bonne idée, après Bologne, de me faire le plaisir de ce voyage romain, merci à elle et à toi Marie-Ève, tu représentes avec ta librairie un ailleurs essentiel.
Françoise Cloarec
Dans la ville qui abrite le Colisée, le Panthéon, la Piazza Navona, la Villa Borghese et combien d’autres merveilles, la Libreria Stendhal c’était l’endroit que nous préférions fréquenter.
Sans aucun lien avec cette campagne, je me rappelais cette semaine à quel point, en cette époque de pandémie, la Librairie me manquait.
Nous aimions nous y rendre en famille et avec les amis pour assister à une présentation, acheter des livres ou tout simplement y passer pour jaser avec l’équipe de passionnés et de lecteurs militants comme nous !
Un lieu unique d’échange culturel et humain !
Vincent Rochette
La librairie française de Rome a besoin de nous!
Véritable milieu de vie, endroit de rencontres et d’échanges culturels et humains, lieu privilégié des lecteurs francophones et francophiles militants, la librairie doit continuer d’exister.
C’était un de nos endroits préférés à Rome.
Ami(e)s québécois, romains, français, il faut soutenir la Libreria Stendhal !
Joëlle
Je soutiens la librairie Stendhal
Christian Laval
J’aime les librairies, j’aime les bibliothèques, j’aime les livres. Depuis tout petit, j’ai mis mon hubris personnel dans l’accumulation des livres. Au cours de ma vie, j’en ai acheté tellement que, jusqu’à peu, je ne pouvais même plus entrer dans mon bureau sans risquer de recevoir sur la tête une pile de livres. Je me suis enfin décidé il y a quelques mois à faire un grand rangement, mais à part deux ou trois livres vraiment en trop mauvais état et qui me faisaient pitié, je n’ai pas eu le cœur d’en jeter assez pour faire de la place. Je ne les ai pas tous lus, comment aurais-je pu ? Heureusement, ils me promettent encore des découvertes. Je suis atteint de ce que les Japonais appellent tsundoku. J’ai lu quelque part que ce terme, déjà ancien, est un mot-valise, condensant trois expressions : “tsunde” (empiler des choses), “oku” (laisser un moment”) and “doku” (lire). Le tsundoku c’est ce que les amoureux des livres, qui ne sont pas toujours les mêmes que les « fous de lecture, font toujours : ils empilent sur leurs tables ou leurs étagères des livres qui les attendent, pour plus tard. La librairie est un commerce qui vend de ces bonheurs futurs. « Peut-être jamais, peut-être demain », comme chante Carmen. Une librairie c’est la maison des promesses. C’est aussi le lieu des rencontres, des désirs et des hasards, des surprises et des remémorations (« tiens c’est vrai, j’en ai entendu parler », « Ah oui, j’ai déjà lu un livre d’elle », « un inédit ! ouah, j’ignorais », etc.), des décisions (« j’en ai besoin », « je ne peux pas ne pas le lire », « trop bon », etc.) mais aussi des hésitations et des tourments (« j’en ai envie ou pas », « je vais peut-être le regretter, « oh et puis tant pis », etc.).
Une librairie est un lieu vital au sens plein du terme, pas seulement pour les addicts qui ne peuvent s’en passer, mais pour un quartier, une ville, la planète. On y dépense son argent en étant sûr de s’enrichir : c’est rare. Pas seulement personnellement mais collectivement. Le fameux ruissellement de la richesse, il est dans les livres, et dans la culture, pas ailleurs : en achetant des livres, en les lisant, en en parlant aux autres, en les citant si vous écrivez vous-même, non seulement vous n’en privez pas les autres, mais vous faites couler la richesse dans la société, vous la multipliez dans la tête et la vie des autres. La librairie est une économie de marché anti-capitaliste. L’accumulation des livres, dans votre maison, aussi confinés que vous soyez, irrigue votre environnement parce que vous parlez, vous écrivez, vous conseillez, vous commentez. La bibliothèque personnelle, elle est un peu la capture du monde chez vous, pour l’apprivoiser, le mettre à votre portée, mais aussi pour le rendre aux autres.
Une librairie peut avoir plein de fonctions : elle est un lieu de silence, de calme, de retrait, presque de méditation. Si l’on prend l’exemple de la librairie Stendhal à Rome, située en plein cœur de l’agitation romaine, entre les groupes de sénateurs bavards et les hordes de touristes hagards, elle est un abri où l’on peut respirer et se ressaisir, retrouver un quant à soi bienfaisant. Mais elle peut avoir bien d’autres fonctions. Prenons encore l’exemple de la librairie Stendhal. Comme son nom l’indique, elle est un lien entre deux pays, mais surtout entre cousins de culture, entre voisins de littérature et d’idées. Mais c’est aussi un lieu de parole, grâce à Marie-Ève Venturino. Les auteurs français qu’elle invite pour présenter leurs ouvrages sont tout heureux, et même pleinement comblés comme je l’ai été, d’avoir la possibilité de présenter leurs livres, de discuter avec des lecteurs romains de ce qu’ils ont écrit. La librairie est alors bien proche de ce que j’appellerai un « commun ». Non pas un lieu collectivisé par l’État au nom de la propriété sociale des moyens de production, mais comme un « espace institué pour le partage de ressources communes ». Cela peut bien être un lieu statutairement, juridiquement, économiquement privé, il fonctionne bien comme un lieu de « mise en commun des idées et des paroles », ce qui était pour Aristote la définition même de ce que devait être la cité.
Si une librairie, comme la librairie Stendhal, fonctionne en vérité comme un commun, on ne peut alors penser son économie dans les seuls termes du marché, dans la dépendance économique de la conjoncture. La tragédie de la pandémie nous rappelle d’ailleurs combien nous dépendons à long terme les uns des autres, combien nous avons tous vitalement besoin que durent les activités et les institutions qui nous soignent, nous éduquent, nous cultivent, nous réunissent. Il faut donc collectivement soutenir la librairie en général, et surtout celles comme la librairie Stendhal qui ont mis, sans calcul de rentabilité, au cœur de leur projet la libre circulation des fruits de l’imagination et de la recherche. A nous de répondre à l’appel par une « salve d’avenir » comme disait René Char.
Christian Laval
Je soutiens la libreria Stendhal, ce lieu de paix au cœur de Rome. Ce lieu qui, pour moi, est un peu comme une maison. Un endroit où j’ai passé presqu’un an, à apprendre ce qu’est le métier de libraire grâce à une équipe au top et Marie-Ève Venturino. Je ne les remercierai jamais assez pour m’avoir accueillie comme ils l’ont fait, et pour m’avoir donné la possibilité d’aimer profondément ce métier. C’est une librairie qui me manque tous les jours maintenant que je suis loin, et c’est toujours le premier endroit où je retourne, valise à la main oblige, pour récupérer les piles de livres qui vont m’accompagner pendant les quelques mois qui vont me séparer de mon prochain passage au milieu de ses rayons colorés que je connais encore comme ma poche! L’année que j’ai passé avec eux m’a profondément marquée et je continue à chérir tout ce que j’ai appris sur le monde du livre. Et le message plus important que j’y ai appris c’est de résister encore et toujours (à l’envahisseur) pour protéger la liberté d’expression et l’importance de la diversité culturelle. Donc, soutenons la Libreria Stendhal, parce qu’elle lutte tous les jours pour nous permettre de lire des livres de qualités et que tous ses libraires investissent toutes leurs énergies pour nous proposer un calendrier culturel épatant ! Dès que le confinement se termine je passerai vous voir comme toujours !
Alix Quarta
Lire, c’est voir plus loin, se remplir le cœur d’images et de mots. Apprendre à les dire, les murmurer, les chanter. Nous aimons la libreria Stendhal parce qu’on s’y sent accueillis, stimulés et qu’on y reste toujours plus longtemps que ce que nous avions prévu au départ. Nous l’aimons pour ses couleurs et ses rayonnages appétissants. Nous aimons les libraires de la libreria Stendhal parce qu’ils sont humains, gentils et compétents. Parce qu’ils nous font découvrir ce qu’ils aiment avec passion et aussi parce qu’ils nous invitent à réfléchir et à partager. Nous soutenons la libreria Stendhal.
Léon et Virginie
Je souhaite vous raconter une anecdote qui je l’espère vous mettra du baume au cœur.
C’était un vendredi après-midi de juillet 2009. Il faisait très chaud. Je devais récupérer à la librairie qui s’appelait encore à l’époque la librairie française de Rome, un dictionnaire. Ce dictionnaire, il m’a suivi toutes ces années. Parce que j’en ai besoin professionnellement mais surtout parce que c’est grâce à lui que j’ai été prendre un premier verre avec celui qui est devenu mon compagnon et le papa de nos deux adorables filles. Nous nous souvenons avec tendresse de ce moment. Moi sortant de la librairie avec mon dictionnaire sous les bras et lui venant à ma rencontre. Nous nous sommes dirigés ensuite à l’Antico Caffè della Pace, bar qui a malheureusement fermé il y a quelques années. Et même si nous ne vivons plus à Rome, notre premier rendez-vous rimera toujours avec la librairie française à Piazza San Luigi dei Francesi à Rome.
#jesoutienslalibreriastendhal
Coralie
Pour Marie-Eve Venturino, “Lieutenante” de la librairie Stendhal de Rome
“Une librairie, c’est un lieu”, dites-vous, et ce lieu est immense quelle que soit sa superficie, il est mouvant dans son immobilité, multiple dans son unicité. Car ce qu’il abrite – les livres – dilate l’espace, le dynamise, le démultiplie. Comment dire ma liberté, ma surprise, au terme de mille détours: il n’y a pas de fond, il n’y a pas de plafond, écrit René Char dans La bibliothèque est en feu.
Une librairie est un lieu à la fois commun et personnel, ouvert à tous et à chacun, donnant lieu à tant de rencontres, de découvertes et d’étonnements, à tant d’ouvertures et d’aventures vers des ailleurs spatiaux et temporels, à tant de promesses d’éblouissements, de questionnements et de méditations. Tout en nous ne devrait être qu’une fête joyeuse quand quelque chose que n’avons pas prévu, que nous n’éclairons pas, qui va parler à notre cœur, par ses seuls moyens, s’accomplit.
“Une librairie, c’est des livres”, ajoutez-vous, et chaque livre est un royaume où murmure un peuple de mots dans l’attente d’être lus, accueillis et pesés, recueillis et pensés. L’auteur d’un livre ne détient pas un pouvoir exclusif sur le royaume qu’il a inventé, il en offre le droit de jouissance à tout lecteur qui y pénètre. Le poète ne retient pas ce qu’il découvre; l’ayant transcrit, le perd bientôt. En cela résident sa nouveauté, son infini et son péril.
“Une librairie, c’est des libraires”, rappelez-vous, et chaque libraire assure la lieu-tenance de milliers de royaumes auxquels il donne une hospitalité tournante, vivace, dans lesquels il invite les passants à entrer, rêver, penser; danser. Livres sans mouvement. Mais livres qui s’introduisent avec souplesse dans nos jours, y poussent une plainte, ouvrent des bals.
Sans ces hauts lieux, dont fait partie la librairie Stendhal, nos vies sont menacées de décroît intérieur, de pertes de joies et de forces, de deuils de sens et de beauté.
Sylvie Germain
Une fin d’après-midi de début mars 2020, il pleut, je suis un peu fiévreuse, le Covid-19 rôde. A peine une poignée de personnes dans la librairie pour m’écouter…..et pourtant. Quelque chose a passé entre moi et ce lieu. J’y retournerai !
Silvia Ricci Lempen
Piazza San Luigi dei Francesi, c’est comme un clin d’œil amusé qui s’offre au voyageur français dans ses déambulations avant qu’il ne découvre surpris, ayant mis ses pas dans ceux de Stendhal, ce lieu où il peut, au cœur de Rome, retrouver la compagnie des auteurs qu’il aime lire en français. C’est un peu indécent ce plaisir qu’a le lecteur à l’étranger de tenir dans ses mains, de feuilleter et de faire provision de livres sans le barrage de la langue. Un plaisir un peu secret, presque inavouable, d’une retrouvaille avec ce qu’il croit connaître.
Et puis un jour c’est comme auteur qu´il y revient par la grâce de Marie-Ève Venturino pour qui les livres sont des lieux de rencontres où auteurs et lecteurs entremêlent leurs voix et donnent aux textes écrits une résonance qu’ils ignoraient. Instants éphémères qui perdurent longtemps, tant livres, auteurs, lecteurs forment une farandole qui ne connaît pas de fin. Enfin presque… Pour peu que la librairie puisse rester cette table d’accueil où se côtoient pensées et poésie, rêves et révoltes, enthousiasme et colère.
Marie Pesenti-Irrmann
LIBRAIRIE STENDHAL
La France, par ses mots, y règne en majesté
Illuminant la Rome de toutes ses beautés.
Bravant de cette époque les plus grands des dangers
Rendus imprévisibles par perniciosité,
Avec abnégation et belle assiduité
Il faut que Marie-Eve réussisse à gagner.
Rendre aux mots de la langue leur grâce et leur attrait.
Il faut que ce lieu vive, tel un jardin secret
Et que les mots des livres s’enracinent à jamais.
Surtout n’hésitez pas à vous laisser bercer
Tant par ce lieu ouvert aux belles festivités
Et aussi par l’accueil généreux et discret.
Nul n’y est oublié, tout le monde est comblé
Dans un bien doux rapport aux notes d’amitié.
Hormis quelques fâcheux, tout lecteur est convié.
Avec beaucoup de tact et aussi de doigté,
Lectrice impénitente, elle saura vous guider.
Chantal Major
Mai 2020
Je me souviens du lundi 27 Février 2017 à 18h45 à la librairie Stendhal. Je venais de passer un moment délicieux, un moment d’échange extraordinaire, tout à côté de la librairie, à l’Institut français de Rome qui m’avait invitée à faire une conférence sur Maurice Sachs, et à parler de mon roman Saint Salopard.
Lorsque j’en sortis, la nuit était tombée sur Rome. L’église Saint-Louis des Français et ses Caravage veillaient comme l’éternité sur la Piazza San Luigi dei Francesi.
Et dans cette obscurité apaisante, resplendissait un rectangle de lumière chaleureuse où depuis l’extérieur, je pouvais observer des silhouettes qui circulaient autour des tables, s’arrêtaient pour feuilleter des livres, en discutaient ensemble, un sourire aux lèvres, avec passion. Je me dis que cette vision était malheureusement de plus en plus rare et qu’il était essentiel, vital, de se battre aux côtés de ceux qui, comme Marie-Eve Venturino, résistaient, continuaient d’être des passeurs pour le bien des lecteurs et celui des auteurs
La libraire Stendhal ! En soi, c’est déjà tout un poème… Un poème qui s’écrit et se réinvente chaque jour grâce à la ferveur de Marie-Eve et des acteurs qui animent le lieu. La librairie se renouvelle sans cesse, crée des festivals, reçoit des auteurs. Les férus de littérature, Français et Italiens francophones ou francophiles n’y sont pas considérés et accueillis comme des clients mais comme des amis, des frères de lecture et de langage. Certes, on y promeut la littérature mais on y célèbre aussi la convivialité, les affinés électives…
Depuis ma signature à la Librairie Stendhal, je garde encore en moi, la chaleur et la vivacité de nos échanges, la joie qui circulait entre nous lorsqu’ensuite, nous prîmes ce verre tous ensemble. Ce soir-là, nous n’étions plus ni Français, ni Italiens, mais bien des Européens prenant un plaisir inouï à cultiver ce qui faisait lien entre nous. Ce soir-là, Rome était une fête.
Laisser mourir la Librairie Stendhal de Rome, c’est laisser mourir le rêve d’une âme et d’une culture européennes, donc un peu de nous-mêmes.
Barbara Israel
Mots écrits dans les livres, mots fragiles toujours à la limite de l’évanescence sans lecteurs.
Mais mots pleins de gratitude pour les librairies qui veillent sur eux chaque jour.
Mots qui espèrent, avec elles, chez elles, respirer au diapason de vies nouvelles.
Catherine Chalier
Avant le virus, Rome était assiégée par les touristes. Ils étaient les fantômes d’une industrie globale qui a transformé le centre de la ville en une scénographie à vendre dans un forfait touristique tout compris sur les plateformes numériques. Aujourd’hui, dans le centre fermé, désert et annulé, je suis assailli par une image militaire : ils ont occupé la géographie émotionnelle de la ville blessée, tandis que le virus l’a dépeuplé. Sans le vouloir, ils ont colonisé son inconscient. Aujourd’hui, ces rues sont remplies de la peur d’un virus qui se transmet par l’haleine et par contact. Notre prison est intérieure. Je reste un clandestin dans cette rue où j’ai associé dans une hallucination les touristes aux politiciens qui travaillent au Sénat, installés à Palazzo Madama, à côté de la librairie Stendhal. Les politiciens sont physiquement différents des touristes. Ils aspirent à une présence ontologiquement éloignée. Mais les deux, ensemble, vont et viennent. Les politiciens marchent à un demi-mètre du sol, sur des talons hauts, ou avec un manteau de mille euros. Ils se déplacent en petits groupes. Ils parlent au téléphone. Parfois, ils sont poursuivis par les travailleurs du cirque médiatique, ceux qui ont des caméras, obligés de chercher une déclaration inutile pour remplir cinq secondes et gagner leur salaire quotidien. De ce sentiment d’oppression, j’ai trouvé refuge dans la librairie Stendhal. Depuis que j’ai perdu le théâtre Valle occupé, véritable forteresse de l’imagination politique à trois cents mètres du Sénat, la librairie Stendhal est devenue mon Hors, où je trouve refuge face à cette société de spectres. Dans ce Hors, je trouve une langue non plus étrangère. C’est mon ami Karim, présence affectueuse, qui m’a appris le français. Lui, algérien, mathématicien et immigré en Italie. Le français est la langue de l’occupant, il m’a dit. Mais c’est aussi la langue dans laquelle on se bat. Créer l’étranger à l’intérieur de la langue, le soustraire à son usage dominant, le devenir mineur dans la langue. Une multitude de femmes et d’hommes l’ont transformée en arme pour les subalternes. Ils l’ont conçue comme la libération de leurs rêves. Ah Karim, aujourd’hui je sais combien d’amour tu m’as transmis à travers cette langue étrangère qui appartient à tous et à personne. C’est aussi l’étranger dans la langue que j’ai trouvé dans la librairie Stendhal, parmi ses livres de littérature et de philosophie. Je l’ai découverte au milieu des années 1990 alors que j’étais étudiant. C’était le temps d’inventer la vie. Un jour, je cherchais Caravaggio, j’ai découvert la librairie Stendhal. Avec le temps la librairie a fleuri avec ses aimables travailleuses et travailleurs qui alternent la chaleur et la clarté du français avec l’hospitalité italienne. Parmi les livres, et les gestes, j’ai trouvé une citoyenneté libérée, un nid pour se reposer et se déplacer avec un trésor de pages. Et finalement, j’ai découvert une communauté de voyageurs résidents lorsque Marie-Ève Venturino nous a offert la possibilité de discuter de livres, de jouer de la musique, de vivre ensemble. Quelle puissance, cette révélation. Nous vivons ensemble dans la terre étrangère d’une langue commune. La libraire est la ville à venir. Nous la protégeons, nous soutenons votre travail. Allons dans les rues qui s’ouvrent, heureux. Aujourd’hui, c’est un désir.
Roberto Ciccarelli
Qui n’a pas vécu à l’étranger ne sait pas combien une librairie française compte pour des expatriés !
L’Italie a beau être le pays le plus accueillant du monde ; Rome, la ville la plus magique, dont on tombe amoureux comme on tomberait amoureux d’un homme ou d’une femme, s’aventurer entre les rayonnages de la littérature française reste essentiel, dans une vie quotidienne loin de son pays.
Garder un lien au jour le jour avec sa langue , avec sa culture, avec son histoire, tout en s’immergeant complètement dans une autre littérature, une autre culture me parait un brassage vital.
L’atmosphère de la Librairie Stendhal, les rencontres qu’y organisent Marie-Eve Venturino et toute son équipe de libraires, leurs conseils, leur passion, favorisent les échanges. Non seulement entre lecteurs français, mais aussi, mais surtout avec les lecteurs et les auteurs italiens. Chapeau bas à cette équipe qui lutte pour que subsiste la littérature française à l’étranger et que se transmette notre langue. Je soutiens la bataille de la Librairie Stendhal de toute mes forces.
Alexandra Lapierre
Choisir un livre à la librairie française de Rome est comme écouter un riff tranchant de rock’n’roll de Malcolm Young. Sentiment de plénitude et instructif pour les sens.
Être foncièrement libre, c’est se débarrasser du déterminisme des algorithmes des sites de commerce en ligne (‘vous pourriez aimer cela’) et faire, au contraire, confiance à son propre jugement ainsi qu’à celui de votre libraire et aiguiser enfin son sens de la curiosité.
Je ne suis jamais sorti de la librairie avec des livres dont je n’aurais jamais imaginé l’achat en y franchissant le seuil.
C’est la raison pour laquelle je souhaite fréquenter encore longtemps ce merveilleux endroit de rencontres et d’échanges.
Un anonyme heureux.
Par amour des livres, des libraires et des librairies ! Une petite pierre de soutien, pierre d’attente, pierre de construction ;
En souvenir de Rome, de mes amis romains, des jours passés – trop courts, trop anciens mais toujours vivants à mon coeur – des ruelles, des églises, du Trastevere, du petit bar où je suis servie comme une parente, de Saint-Jean de Latran, du Mont Palatin et du temple de la Déesse ;
A la mémoire de Stendhal, écrivain amoureux de Rome, né à Grenoble – ville de la Révolution et département d’où je viens – et inhumé sous son nom italien. Quelque part immortel, comme tous ceux qui écrivent juste ;
Amicalement,
Odile
Bonjour,
En vacances dans une région, de passage dans une ville, quelle que soit sa taille, les librairies sont des repères, des lieux à chercher en priorité, au même titre que la boulangerie, le bistrot, le distributeur de billets,… Parfois, je mémorise la ville grâce à sa librairie, sa capacité à se singulariser dans le paysage, ce qu’elle révèle de la personnalité de celui ou de celle qui l’anime. L’espace circonscrit impose des choix, révélateurs des goûts de sa ou de son propriétaire. Dans la ville où je vis s’il y a un espace culturel qui propose des livres, il n’y a pas cette petite librairie familière avec laquelle entretenir des rapports qui ont autant à voir avec l’imaginaire qu’avec le commerce. L’un ne va pas sans l’autre, l’imaginaire des titres qui sont proposés, les connexions qu’ils créent entre la.e libraire et la lectrice que je suis. Et c’est ainsi que s’instaure un dialogue tant entre les œuvres qu’entre les individus, libraires et lecteurs. Sans parler des animations et rencontres proposées, tout ce qui fait société et dont nous aurons besoin « dans le monde d’après », expression bien agaçante mais entendue maintes fois en ce moment. Heureusement, j’ai la chance d’avoir dans un rayon de 70 km cinq librairies indépendantes où je peux me rendre selon mes déplacements, avec lesquelles communiquer via leur site, leurs newsletters. Elles aussi ont des lendemains qui s’annoncent difficiles mais autant d’imagination pour avancer.
Alors pourquoi la librairie Stendhal ? Parce que j’y suis passée à l’automne dernier, que j’ai trouvé un carnet et deux livres à acheter, l’un à offrir, l’autre à garder. Parce que je compte pouvoir retourner un jour à Rome et revenir à la Librairie Stendhal.
Alors, il faut que vous puissiez continuer.
Elisabeth
Témoignage et souvenirs d’une maîtresse d’école maternelle française… Fraîchement débarquée à Rome en plein mois d’août 2019 et devant préparer ma rentrée des classes à Rome, dans une ville complètement inconnue pour moi jusqu’alors, je me souviens avoir poussé la porte de la librairie fin août, en recherche d’albums à étudier pour ma classe. J’ai été accueillie très chaleureusement. Je suis non seulement ressortie de ce premier contact avec la librairie Stendhal en ayant quelques superbes albums en mains mais aussi avec des idées plein la tête pour permettre à mes élèves d’accéder tout au long de l’année à une culture littéraire française, en plein Rome, quel privilège et quelle richesse! En effet, je suis régulièrement retournée voir Delphine dans l’année scolaire pour bénéficier des ses précieux conseils sur le choix d’albums à étudier en fonction des thèmes. Elle m’a toujours proposé des ouvrages originaux, drôles, parfois méconnus mais passionnants. La variété d’albums jeunesse que la librairie propose dans ses rayons m’a toujours épatée, et même quand l’ouvrage n’était pas en stock, la commande du livre était rapide. Enfin, j’en viens au souvenir qui restera gravé en moi pour longtemps, celui des 3 raconte tapis auxquels nous avons pu assister avec ma classe à la librairie, en octobre, décembre et février. Mes élèves et moi-même avons à chaque fois été enchantés par ces lectures animées par Delphine. Celle-ci nous transportait dans son histoire par la manipulation de superbes marionnettes dans des décors en patchwork de tissus, le tout rythmé par quelques percussions. Une pure merveille, un vrai spectacle… dans la librairie transformée pour une heure en petit auditorium! Sans oublier le petit cadeau pour notre retour en classe: un kit très simple mais efficace des personnages et du décor de l’histoire lue par Delphine, afin de pouvoir la raconter à notre tour. Pour mes élèves en majorité italiens, ces lectures sont un véritable lien avec la littérature française. Cette année scolaire se termine curieusement, à distance et dans le confinement… Mais je garderai les souvenirs de ces belles rencontres et de ces raconte tapis. Je ne regrette pas d’avoir poussé la porte de la librairie en ce jour d’août 2019. La librairie française de Rome est pour moi une véritable alliée pour enseigner en français dans ma classe. Il faut que la librairie Stendhal survive!
Claire Martin
J’apprécie beaucoup votre dépôt dans lequel je peux me procurer aussi bien des Aspirateurs que des Zèbres en plastique, en passant par le dernier essai d’Alain Soral. C’est donc pour soutenir cette indispensable diversité culturelle, centralisée en un lieu vraiment unique (je pèse mes mots), que je m’acquitte de bon cœur de ce modeste don, certain que Jeff en fera bon usage.
Yann B.
Je ne parlerai pas du « Rome a vaincu seulement » de Du Bellay, ou des promenades de Zola. Je ne citerai pas les sept collines de Gracq ou les chevaux de Duras. Je n’évoquerai pas les voyages de Montaigne, la Corinne de Madame de Staël ou les errances de Chateaubriand. À cette heure, je pense qu’il n’est plus nécessaire de rappeler les grandeurs et les conquêtes des artistes d’hier, mais d’apprendre à rendre hommage à ceux qui forment les artistes de demain. Il est temps de regarder de face nos véritables héros. Désormais, à Rome, c’est la librairie Stendhal qui porte les livres à peaux de veau sur le dos des mules, qui traversent le pays en alexandrins, qui montent et descend les collines de Lazio, qui explorent la villa des grands empereurs. Aujourd’hui, c’est Marie-Ève Venturino et son équipe qui continuent de lutter, avec solitude et courage, en mettant leur intelligence au service des lecteurs comme les écrivains des siècles passés l’ont mise au service des mots.
Cela semble naturel de pouvoir acheter les Mémoires d’Hadrien en édition française, en plein cœur de Rome, à Saint-Louis-des-Français, mais personne ne se demande ce qu’il faut de sacrifices pour qu’il soit disponible. Personne n’interroge les charges sociales et les coupes budgétaires de la culture, les banques renflouées avec des fonds publics et le système néolibéral du marché. On lit Yourcenar à Rome, mais personne ne pense à un secteur entier mis à l’arrêt, à l’interruption d’une chaîne d’approvisionnement et de livraison, à un creuset de pertes de revenus, de chômage temporaire et de déficit financier.
Dans cette tempête, je repense à cette première phrase de l’Arrière-pays d’Yves Bonnefoy, lors de son voyage en Italie, qui résonne encore dans le cuivre de l’instant : « J’ai souvent éprouvé un sentiment d’inquiétude, à des carrefours ».
Le charme du confinement est un privilège de classe. Dans le royaume du capitalisme, il y a les Antinoüs, et les Hadriens. Qui paye aujourd’hui pour les romantismes d’hier ? Quand une librairie souffre, c’est toute la littérature qui tombe malade. La librairie française à Rome, la libraire Stendhal, souffre aujourd’hui, comme tant d’autres en Europe. Ceci nous concerne tous.
Miguel Bonnefoy
À notre modeste mesure nous souhaitons apporter notre soutien à la librairie qui nous a tant apporté durant notre séjour à Rome, qui l’a adouci et qui a permis de garder le contact avec les ouvrages français, la culture française ! Je ne parle pas de la gentillesse et de celle de toute l’équipe qui est indissociable de la librairie en tant que tel. On voudrait pouvoir verser tout ce dont la librairie aurait besoin, on a l’impression que quel que soit le montant ce n’est pas assez…..
Sophie et Paul (pour les dessins)
Parce que Marie-Ève est formidable, parce que son travail et son équipe sont des plus précieux, d’une générosité rare, parce qu’elle a su si bien relever la librairie française de Rome, la Libreria Stendhal, et en faire un lieu d’accueil parmi les plus indispensables, pour tout cela il se doit qu’elle rebondisse à tout prix et qu’elle soit soutenue.
Olivier Gallon
Entrée dans la librairie Stendhal, je ne pouvais plus en sortir. Dans l’impression curieuse d’être à la fois chez moi et accueillie par une âme bienveillante qui aurait ouvert au passant sa caverne d’Ali baba de la pensée humaine.
« Je veux dans ma maison,
Un chat passant parmi les livres,
Une femme ayant sa raison,
Des amis en toutes saisons,
Sans lesquels je ne peux pas vivre »
Le Chat, G. Apollinaire
Isabelle Delannoy
RONDO DE SOUTIEN
A CHANTER SUR L’AIR QUE VOUS VOUDREZ :
Dans Stendhal il y a le Rouge et le Noir
Les deux couleurs qui bouleversent le monde.
Dans Librairie il y a Libre, libre d’entrer, d’apprendre, de rencontrer, de vivre. Il y a aussi Ri le droit et l’occasion d’avoir ri.
Donc quand vous n’entrez pas dans la LIBRAIRIE STENDHAL vous perdez une occasion de vous sentir libre, d’apprendre, de vivre, de lire et de rire.
Tout ça n’a pas de prix.
Si vous n’en êtes pas sûrs,
Fermez les yeux.
Imaginez un monde sans librairies,.
Autant dire sans vie, sans amour.
Donc sans histoires…. L’ennui mortel…
Daniel Goldenberg
La Libreria Stendhal di Roma non è una libreria qualsiasi, è un luogo di parola libero e indipendente dove si incontrano lingue culture e sensibilità differenti, senza pregiudizi o preclusioni. Un luogo aperto, grazie alla sua straordinaria ospite Maria Eve, all’inatteso e al sorprendente.
Ho conosciuto Marie-Eve e la libreria Stendhal di Roma grazie ad una cara amica, Christine Dal Bon e nonostante viva e lavori a Firenze sono venuto spesso a Roma per frequentare la libreria. In questo spazio stretto ricavato a fatica tra i corridoi e gli scaffali pieni zeppi di libri, che sapeva quasi magicamente apparire grande, ho potuto parlare, presentare libri miei o di cari amici, ascoltare autori e lettori quasi sempre attenti e sensibili.
Dobbiamo fare il possibile per salvare questo posto fondamentale per la nostra cultura. Non possiamo permetterci di perdere questi spazi che resistono con determinazione e coraggio ad una crescente desertificazione e appiattimento.
Per questo grazie Marie-Eve, per resistere e grazie a tutti gli amici della libreria Stendhal di Roma.
Simone Berti
La Libreria Stendhal est un îlot de beauté de l’archipel romain. Il faut la sauver à tout prix.
Olivier Guez
La librairie Stendhal est l’une des meilleures librairies que je connaisse, au-delà même de son rôle de défense de la littérature et de la culture françaises qu’elle accomplit parfaitement. On y découvre des auteurs et de très beaux textes dont on ignorait l’existence. Marie-Ève Venturino refuse les compromis que l’on consent avec l’idée que ce seront les derniers, quand on sait bien où ils mènent. Je soutiens avec admiration et amitié la librairie Stendhal.
Éric Vuillard
Chère Marie-Eve, j’ai des souvenirs si merveilleux de ta librairie, que je ne puis admettre qu’elle soit menacée par les évènements. C’est un vrai centre culturel, au cœur de Rome, un lieu où sous la protection de Stendhal on se retrouve autour des valeurs qu’on aime, la beauté, l’intelligence, la liberté. Il serait inconcevable qu’une telle source de jouvence disparaisse. Une si longue tradition culturelle unit Rome à la France, et tu étais le dernier maillon de cette longue chaîne d’amour mutuel. Puisses-tu surmonter tes difficultés actuelles, et continuer à illuminer de ta gaieté la vie littéraire de Rome. Je t’embrasse.
Dominique Fernandez
La librairie française de Rome a toujours été un point de repère pour mon activité en tant qu’enseignante de FLE mais aussi en tant que Française de Rome. Fraichement arrivée à Rome, il y a 30 ans, j’allais y dénicher le manuel de FLE pour mes nouvelles fonctions au Centre Culturel, on y croisait des séminaristes en soutane qui allaient d’un pas sûr vers le fond de la boutique au rayon théologie, dépassant rapidement les tables de nouveautés éditoriales à gauche et le rayon BD sur la droite. On raflait au passage deux ou trois livres de poche et un coup de cœur pour une 4ème de couverture ; on ressortait avec un sac plein de promesses d’heures heureuses, de lectures “utiles” ou moins mais tout aussi nécessaires, jurant que la prochaine fois on se donnerait une limite budget, mais non, l’offre variée et éclectique était trop tentante !
Puis les temps ont changé, certes on pouvait commander sur internet mais ce n’est pas la même chose : rien ne peut remplacer ce moment de bonheur où l’on replonge dans un coin de France. Profondément intégrée dans mon pays d’accueil, j’en ressens périodiquement le besoin : l’accueil discret et compétent, musique de fond et bavardages chuchotés en français, l’amour des livres, le paysage éditorial dans toute sa variété, le coin poésie et théâtre, les revues introuvables, l’agenda de poche en français, la littérature de jeunesse pour nos rejetons franco-italiens….
Mais la librairie aussi a changé, plus contemporaine, plus polyvalente, plus ouverte aux rencontres, au débat social avec un splendide programme d’animations autour de la parole écrite, lue, commentée, discutée, mais aussi la projection artisanale de films et documentaires introuvables avec un petit débat autour d’un verre, presque en famille élargie.
Juste avant le confinement je me réjouissais de l’occasion d’une rencontre avec Mathias Enard, annulation, tout se referme.
Alors maintenant à la réouverture prudente des activités, je ne peux imaginer de perdre cet espace culturel : ce serait une perte incalculable pour notre communauté mixte de clients et flâneurs, bariolée en francophonie, italophile, francophile, bibliophile. La Librairie Stendhal d’aujourd’hui, ce n’est pas un simple fonds de commerce, c’est une pièce du patrimoine matériel et immatériel de la France en Italie, dans sa capitale, qui viendrait à s’effondrer sous nos yeux !
Au-delà des gestes de bonne volonté individuels qui ne valent que comme témoignages, on attend des institutions de la République qu’elles défendent cet instrument du “soft power” culturel à la française: une subvention exceptionnelle, une aide-pont pour une institution qui a juste besoin d’un coup de pouce pour repartir après la crise mais qui porte en soi les fondements pour une activité autonome: une raison d’^être, un créneau durable et porteur, le dynamisme et la compétence professionnelle de l’équipe constituée, des lieux, une tradition, des personnes et leur engagement au service d’une communauté ouverte.
A l’heure où des sommes vertigineuses sont employées pour renflouer ses “joyaux” économiques (industrie automobile, compagnie aéronautique… Sont-ce là les priorités absolues ?), la France n’aurait pas de quoi sauver ponctuellement ses librairies à l’étranger ?
Mathilde Anquetil, résidente à Rome