PIERRE-MARIE DELPU
9 février 2022
Présentation du livre L’affaire Poerio, La fabrique d’un martyr révolutionnaire européen (1850-1860), paru aux éditions du CNRS.
[spreaker type=player resource= »episode_id=51725302″ width= »100% » height= »200px » theme= »light » playlist= »false » playlist-continuous= »false » chapters-image= »true » episode-image-position= »right » hide-logo= »true » hide-likes= »false » hide-comments= »false » hide-sharing= »false » hide-download= »true »Figure du mouvement libéral napolitain, opposant au pouvoir de Ferdinand II, Carlo Poerio est emprisonné lors de la révolution de 1848. Alors que les souffrances endurées par le détenu politique et ses compagnons d’infortune sont rapidement connues à l’extérieur du royaume des Deux-Siciles, Poerio devient une personnalité incontournable de l’actualité politique européenne et s’impose comme la figure même du martyr laïque révolutionnaire.
La presse, notamment britannique, participe largement de cette fabrique en diffusant régulièrement des nouvelles du Napolitain, présenté en patriote vertueux victime des pratiques carcérales brutales et inhumaines, propres, dans les imaginaires occidentaux, aux seules monarchies orientales. Pierre-Marie Delpu interroge les acteurs, réseaux, supports qui ont permis de créer et d’entretenir pendant près de dix années cette affaire, les actions initiées pour porter secours au prisonnier, comme les usages et récupérations dont il est l’objet. Cette histoire, à l’intersection de la construction nationale de l’Italie et des recompositions des mouvements politiques européens après 1848, consacre un régime émotionnel nouveau dans lequel les questions morales et humanitaires dominent et l’indignation et la commisération suscitent de vastes mobilisations.
Agrégé et docteur en histoire, ancien membre de la Casa de Velázquez et historien des révolutions sud-européennes du XIXe siècle. Chargé de recherches au FNRS, rattaché à l’Université Libre de Bruxelles, et membre associé de l’UMR TELEMMe. Ses travaux portent principalement sur les sociétés de la Méditerranée occidentale (Royaume des Deux-Siciles et plus largement États italiens, Espagne, France méridionale). Après avoir consacré sa thèse de doctorat à la construction des milieux libéraux napolitains entre 1815 et la veille de l’Unité italienne, il travaille sur le martyre politique, en concentrant son attention sur les temporalités révolutionnaires et post-révolutionnaires.