CLAIRE JUDDE DE LARIVIÈRE
30 novembre 2023
Présentation de l’ouvrage collectif Une histoire globale des révolutions, sous la direction de Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre, Eugénia Palieraki, paru aux éditions de La Découverte.
“La révolution est terminée.” À la fin du siècle dernier, la formule a fait date. Mais rien n’était plus faux. Il suffit, pour s’en convaincre, de déplacer le regard hors des régions occidentales, à Tunis, Alger, Hong Kong ou Téhéran. Étendre dans l’espace mais aussi dans le temps, bien avant le XVIIIe siècle, l’enquête sur les révolutions, en montrer les dynamiques transnationales, les échos, les reprises, les “modèles” comme les singularités, telle est l’ambition de cette histoire globale.
Rédigés par des spécialistes du monde entier, ses chapitres explorent la richesse de l’histoire révolutionnaire, mettent en lumière des révolutions moins connues et arpentent des géographies inédites traversant tous les continents. La Révolution française, les révolutions atlantiques et le Printemps des peuples côtoient les révoltes anticoloniales indiennes, les mouvements populaires de Corée ou du Japon et les grands soulèvements latino-américains ; les Révolutions russe et chinoise ne font pas oublier les révolutions d’indépendance, notamment africaines, ni les rébellions multiples qui émaillent un monde en perpétuelle effervescence.
Affranchie de ses bornes classiques, l’archive révolutionnaire livre des interrogations neuves et des recherches fructueuses. Le rôle de la spiritualité et de la religion, des empires et des nationalismes, de l’économie et de l’État, de l’environnement et du climat, est ainsi exposé à des lumières plus vives, tout comme les protagonistes, notamment les femmes, la paysannerie, le monde ouvrier… Et dès lors, comment passe-t-on à l’acte ? Comment vivent, dans l’extraordinaire des jours de soulèvement, celles et ceux qui y participent ?
Au terme du parcours, les jugements péremptoires et polarisés sur les vertus et les vices de la révolution ressortent fragilisés ; le bilan des révolutions acquiert des contours plus nets – et leur avenir même peut être mieux apprécié.
Claire Judde de Larivière est Maître de conférences HDR en histoire médiévale et de la Renaissance à l’université de Toulouse Jean Jaurès, et membre du laboratoire Framespa. Ses travaux portent sur l’histoire sociale et politique de Venise, et en particulier sur l’histoire du peuple. Elle est actuellement chercheuse résidente à l’École Française de Rome et étudie la gestion des déchets et de la pollution à Venise à la fin du Moyen Âge.
Ludivine Bantigny est historienne, enseignante et chercheuse, membre du laboratoire d’histoire de l’université Rouen-Normandie. Elle travaille sur l’histoire des mouvements sociaux et des engagements politiques. Parmi ses publications figurent 1968, de grands soirs en petits matins (Seuil, 2018, rééd. 2020), La France à l’heure du monde. De 1981 à nos jours (Seuil, 2013, rééd. 2019), Révolution (Anamosa, 2019), L’Œuvre du temps. Mémoire, histoire, engagement (Éditions de la Sorbonne, 2019), La Commune au présent (La Découverte, 2021) et L’Ensauvagement du capital (Seuil, 2022).
Quentin Deluermoz est professeur d’histoire à l’université Paris Cité. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels Commune(s), 1870-1871 (Seuil, 2020), ou, avec Pierre Singaravélou, Pour une histoire des possibles (Seuil, 2016).
Boris Gobille est maître de conférences en science politique à l’École normale supérieure de Lyon et chercheur au laboratoire Triangle-CNRS. Il publie en 2008, en co-direction, Mai-Juin 68 aux Éditions de l’Atelier, puis Mai 68 par ceux et celles qui l’ont vécu (Éditions de l’Atelier, 2018, en codirection) et Le Mai 68 des écrivains. Crise politique et avant-gardes littéraires (CNRS Editions, 2018). Il a codirigé Faire, défaire la démocratie. De Moscou, Bogota et Téhéran au Conseil de l’Europe (Karthala, 2021).
Laurent Jeanpierre est professeur de science politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a notamment dirigé, avec Christophe Charle, La Vie intellectuelle en France (2 vol., Seuil, 2016 ; rééd. Points, 2018) et publié In girum. Les leçons politiques des ronds-points (La Découverte, 2019).
Eugénia Palieraki est maîtresse de conférences en histoire de l’Amérique latine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a été professeure invitée à l’Université de Princeton et à l’ENS Paris. Ses recherches portent sur l’histoire de la ” nouvelle gauche ” latino-américaine durant les années 1960-1970 et, plus récemment, sur l’Amérique latine et le Tiers Monde à l’ère de la Guerre froide. Elle a écrit Naissance d’une révolution. Histoire critique du MIR chilien (Terres de Feu, 2023), co-écrit Révolutions. Quand les peuples font l’histoire (Belin, 2013) et avec Clément Thibaud L’Amérique latine embrasée. Deux siècles de révolution et de contre-révolution (Armand Colin, 2023).